Ivar Ivask
IVAR IVASK (1927-1992) est né à Riga, dun père estonien et dune mère lettone : «La Lettonie a été ma mère dhiver... / lEstonie mon père dété». Il passe effectivement les hivers de son enfance à Riga, et les étés à Rõngu, petite ville estonienne au sud de Tartu, dont son père était originaire. Il perd sa mère très jeune. En 1944, la famille émigre en Allemagne, où Ivar terminera ses classes secondaires au lycée estonien de Wiesbaden avant dentrer à luniversité de Marburg. Lécole ne lui laissera aucun souvenir marquant. «Ma vraie école, dira-t-il, cétait chez moi, où javais à portée de la main Rilke, Tuglas, Tagore, Baudelaire, Hofmannstahl.» À luniversité, il rencontre la poétesse lettone Astrid Hartmanis, quil épouse et avec laquelle il émigre aux États-Unis en 1949. Il présente une thèse de doctorat (PhD) sur Hugo von Hofmannstahl, puis enseigne la littérature comparée à luniversité dOklahoma. En 1991, il prend sa retraite et part pour lIrlande. Il repose depuis 1996 au cimetière de Rõngu (Estonie).
Par sa vie et par son uvre, Ivar Ivask est un poète à la fois cosmopolite et national, ce qui est peut-être une manière dêtre un poète universel. Écrivain réellement polyglotte, il nest à aucun moment un déraciné, encore moins un apatride. Il connaît, et chante en estonien, les différents villes, pays et cultures (il donne à l'une des parties de son recueil Elukogu (1978) le titre significatif d'un des poèmes : «J'écris le long des continents», et évoque Paris, la Castille, Venise, la Toscane, Naxos, Vienne, lOklahoma). Il écrit ses Élégies baltiques en anglais, et un recueil de poèmes en allemand. Mais cest très manifestement lestonien quil chérit, cette langue dont il dit dans un poème, « La foi en la langue » : « Je vis assuré dans ma langue / où chaque mot est mon lieu de naissance. » L'une des caractéristiques de sa poésie est la juxtaposition, souvent surprenante, de périodes lyriques, amples et harmonieuses, et dune expression familière, volontiers prosaïque et parfois heurtée.
Outre son activité poétique et critique, Ivar Ivask fonda en 1970 une revue internationale de littérature (Books Abroad, puis World Literature Today) ; il créa un prix international de littérature (le prix Neustadt) qui distingua entre autres Ungaretti, Ponge, Milosz, Max Frisch. Il présida lAssociation for Advancement of Baltic Studies, quil avait fondée.
Ivar Ivask était aussi dessinateur et peintre, il illustrait lui-même ses uvres et exposait dans de nombreuses villes dEurope et des États-Unis.
Yves Avril