Par Eva TOULOUZE
Si Létendard en flammes était le roman dun espoir et La dernière forteresse celui de la fin dun monde, Les cavaliers de la mort est celui du désespoir absolu, dune lutte dont le sens nest plus clair, pas même pour les combattants.
Cest lhistoire de la Grande Compagnie Catalane racontée par le mallorcais Pedro, fils illégitime de chevalier, élevé par un père présumé commerçant et destiné à la carrière religieuse, qui sengage dans cette compagnie, dont le chef incontesté est Roger de Flor.
Les Catalans sont engagés par lempereur Andronicos de Constantinople, que les Turcs, de plus en plus pressants en Anatolie, menacent directement. Pour le compte de lempereur, la Compagnie reconquiert les villes chrétiennes dAnatolie occupées. Mais le mécontentement monte contre Andronicos, qui ne tient pas ses promesses, et qui commence à trouver ses alliés de plus en plus encombrants. Roger de Flor est attiré dans un guet-apens, où il perdra la vie.
Livrée à elle-même, enfermée dans son camp de Gallipolis, la Compagnie sabandonne à sa soif de vengeance et sème autour delle la terreur et la mort. Elle finit par porter un coup mortel à lÉtat franc dAthènes avant de se dissoudre, privée de toute raison dêtre.
Héros collectif, héros négatif, cette compagnie illustre parfaitement un univers en décomposition, où aucune valeur ne résiste. Pedro perd la femme quil aime, et finit par apprendre que Roger de Flor, ce héros légendaire, aimé et respecté de ses hommes, nétait autre quun pirate juif vénitien, marchand desclaves chrétiens...
Que reste-t-il de la Grande Compagnie Catalane, si ce nest, au cur de tous les héros de cette terrible aventure, lamour dune légende à laquelle ils ont cru ?