Karl Ristikivi : L’étendard en flammes
(Põlev lipp, 1961)

Par Eva TOULOUZE

 
    C’est l’histoire de la descente en Italie du dernier des Hohenstaufen, Konrad, encore adolescent. Son oncle Manfred est mort en perdant le royaume de Sicile au profit de Charles d’Anjou, allié du Pape. Konrad estime que sa mission est de reconquérir la Sicile. Sa campagne, entreprise en 1268, est en même temps le dernier espoir des Gibelins italiens. Les princes allemands commencent par se rallier avec enthousiasme à une initiative qui semble devoir sceller leur unité. Mais Konrad doit vite déchanter. Ses troupes s’éternisent à Vérone, car la Lombardie est presque toute favorable aux Guelfes.
    Peu à peu, les nobles allemands abandonnent le jeune empereur, que les Italiens appellent familièrement Corradino, et rentrent chez eux. Lui reste pourtant en Italie, fidèle à sa mission, entouré de ses proches et des Gibelins italiens qui luttent pour leurs villes et leur pays. Une délégation venue de Pavie leur redonne espoir et les troupes de Konrad arriveront jusqu’à Sienne et occuperont même Rome, que le Pape a quittée. Sur le chemin de la Sicile, Konrad est arrêté par Charles d’Anjou, qui anéantira ses troupes. Fait prisonnier, le jeune empereur est exécuté à Naples. C’est la fin tragique de la dynastie des Hohenstaufen.
    Le titre s’explique par un rêve de Konrad: le drapeau des Hohenstaufen, qu’il porte au combat, se met à brûler entre ses mains... Héros idéal de légende, l’adolescent met au cœur de sa courte existence le sens de la mission, fût-elle désespérée. Ristikivi chroniqueur relate sans pathos : il traite la légende comme de l’histoire, et introduit le mythe dans le réel. Autour de l’empereur, fragile et résolu, les rares fidèles qui ne l’abandonnent pas, ses amis d’enfance, ses porte-enseigne...