Par Eva TOULOUZE
Élément central de la trilogie des chroniques, ce roman en est également le plus complexe et le plus synthétique. La dernière forteresse, cest Saint-Jean dAccre, perdue par les Chrétiens en 1291, où se noue lamitié entre deux Chevaliers du Temple, Guillaume de Montpervier et Roger de Tressalin. Cest ce dernier qui, dans ses vieux jours, raconte ses souvenirs alors que son compagnon attend sa dernière heure dans les geôles de Philippe le Bel. Ce fils dun chevalier franc dAthènes parcourt le monde grec, avant de mettre son épée au service des croisés. Admis dans lOrdre des Templiers, il retrouve à Saint-Jean dAccre son ancien rival, Guillaume de Montpervier.
Nous suivons ainsi la vie de lordre et les préoccupations des Chrétiens de Terre Sainte. Incapables de sallier contre un péril commun, ils sont une proie de plus en plus facile pour les musulmans. Saint-Jean dAccre est le dernier bastion de la Chrétienté en Palestine. Roger de Tressalin, exclu de lordre des Templiers, mènera le dernier combat avec les Frères Hospitaliers, lautre grand Ordre combattant de Terre Sainte. La situation est désespérée. Que faire ? Lutter, partir, rester, sincliner ? Et une question lancinante: est-ce que la cause est juste ? Lépée est-elle véritablement la meilleure arme des Chrétiens ?
Roman dune problématique plus que dun héros, il dépeint la fin dun monde, et laisse entendre que la fin dun monde nest pas la fin du monde. Tout nest pas vain, même si lissue nest pas perceptible... Dailleurs, demande Ristikivi, nest-ce pas en nous quelle se trouve, cette dernière forteresse pour laquelle il vaut la peine de combattre ? Nous ne manquons pas ici de percevoir la blessure et les méditations de lécrivain exilé et condamné à ne plus revoir son pays.