Poème (bilingue)

Traduit de l’estonien par Antoine Chalvin
 

LEGENDAARNE

Üle heliseva luiteliiva
keerleb kajakate legendaarne lend.
Üle virvendava, valge liiva
matkan ma, käekõrval väike vend.

Vahupärleid ritta lükib meri,
hiilgab, hõbetab neist kogu kaldaviir.
Lainte rütmi kajastab mu veri,
igas libles tuikav päiksekiir.

Tunnid helepalgsed pikka kaovad,
pikka läände lookleb raugust õhkuv rand.
Vennakesel silmad kinni vaovad,
käies väsinuks jääb väike kand.

Aga kõrgelt nägematu käsi
hoiab hellana meid kangastuval teel.
Astu, vennakene, ära väsi,
rõõmsad ended ootavad meid eel.

Näed neid sinirünkaid mere taga,
sinna manitses meid ükskord isa hääl.
Pilved vestlevad sääl jumalaga,
kuldne valgus luilab nende pääl.

Tule, tule! Üle valge neeme,
läbi helge päeva virvendab me rand.
Sinna kaome, rinnas kuldne seeme,
igavese päikse võrsuv and.

LÉGENDAIRE

Par-dessus la dune au sable chantant
Tournoie le vol des mouettes légendaires.
Dans la blancheur du sable scintillant,
Je chemine avec mon petit frère.

La mer enfile des perles d’écume
Et donne au rivage un éclat d’argent.
Dans chaque brin d’herbe un rayon s’allume,
le rythme des flots est dans mon sang.

Tout doucement s’en vont les heures claires, 
La côte apaisée fuit vers le couchant.
Mon frère aux yeux lourds ferme les paupières,
Son talon se fatigue en marchant.

Depuis le ciel un invisible bras
Nous soutient sur la route avec tendresse.
Marche, petit frère, et ne faiblis pas,
Nous allons vers d’heureuses promesses.

Vois à l’horizon ces nuages bleus,
C’est notre père qui nous y envoie.
Ces nuages-là parlent avec Dieu,
La lumière dorée y flamboie.

Marchons! Marchons ! Là-bas, dans la blancheur
Du jour, scintille au loin notre rivage.
Nous nous perdrons ; un grain d’or dans nos cœurs
Germera sous le soleil sans âge.