Poème (bilingue)

MA TERETAN SIND, HOMMIK !

Ma teretan sind, hommik,
sind, kaste, suveõhk !
Sind, vaikne metsa kohin,
sind, sinitaeva võlv !
Ma küsin, õrnad lilled,
kas mulle õitsete ?
Ma küsin, linnukesed:
kas mulle laulate?

Kes teretab mind jälle
suiõhus, kaste sees?
Kes vaatab, kui ma ohkan,
mis minul silmades?
Kes ütleb mulle: lille,
mull’pead sa õitsema?
Kes küsib, kui ma laulan:
kas mulle laulad sa?

Jää rahul’, süda, keda
ei ükski tereta!
Ja laula rõõmsaid laule,
ehk küll ei sunnita!
Lill tahab üksnes õitsta,
lind laulab endale,
seepärast õitse, laula
sa  ise endale.

(1864)

JE TE SALUE, MATIN

Je te salue, matin,
Et vous, rosée, air de l’été,
Bruissement doux de la forêt,
Et toi, voûte du ciel d’azur !
Dites-moi, délicates fleurs :
Fleurissez-vous pour moi ?
Répondez-moi, beaux oiselets :
Est-ce pour moi que vous chantez ?

Qui donc répond à mon salut,
Les soirs d’été, dans la rosée ?
Qui regarde, quand je soupire,
Ce que j’ai au fond des yeux.
Qui donc me dit : Ô fleur,
C’est pour moi que tu dois fleurir ?
Qui me demande quand je chante :
Ce chant est-il pour moi ?

Calme-toi donc mon cœur
Que nul n’a jamais salué !
Entonne des chants d’allégresse
Même si rien ne t’y oblige !
La fleur ne désire qu’éclore,
L’oiseau ne chante que pour lui,
Alors fleuris et chante aussi
Seulement pour toi-même !

(1864)