Poèmes

Traduits de l’estonien par Antoine Chalvin



À toi
qui appartiens à la nuit de novembre
comme le cavalier à la selle
comme l’épée au sang
je veux aujourd’hui te jurer
une infidélité éternelle

D’un pas de maître d’armes
tu me poursuis
de vie en vie
tu rends sensées et ridicules
mes plus audacieuses folies
tu veilles en sage-femme exercée
sur mes métamorphoses

Et si un jour le temps doit venir
de la vengeance
je jure
de renoncer devant toi
à la mort la plus belle




               KARLOVA

L’avenir n’est rien d’autre
que des milliers d’instants embarrassants.

Fierté des nuits de ma jeunesse,
avec ton cœur qui frappe comme un fou,
prends garde à toi dans la lumière tendre !

Regarde : une maison ivre
a jeté son ombre sucrée, —
la ville de mon enfance me poursuit encore
dans les impasses sombres.

Les étroites fenêtres ont jusqu’au matin
un visage froissé par les fracas du soir.

Fierté des nuits de ma jeunesse,
crois-moi,
sous les pavés, les jours
sont diablement longs !