Un été en haï-ku
Un toit rouge
un enclos de cerfeuil sauvage en fleurs
la page blanche …
Et de nouveau écrire à cette table dans la lueur de la lampe,
quand la mitraille de la pluie impitoyablement
déchiquette le toit, l’obscurité par la fenêtre
passe le poing, douloureusement serre le cœur …
Flambées d’éclair baltique, rafales sibériennes,
nuées maussades de soupçon mutuel.
Pollution, contamination, radiation.
Sans danger encore, dit-on …
À toi
qui appartiens à la nuit de novembre
comme le cavalier à la selle
comme l’épée au sang …
Un feu d’artifice brutal se poursuit :
étoiles filantes qui changent en pierre
— un à un se rompent les ponts de la nuit —
celui qui implorait la grâce des enfers …
Je suis la rumeur du cœur des étés
le battement de la mer dans les baies
je viens dans le noir à travers la pluie
je ferme la porte à l’été …
Chaque jour à minuit le soleil m’attaque,
mon lit et mon bureau s’enflamment
le réfrigérateur se consume à côté de la cuisine.
Je me réveille, le toit a disparu …
Le diable emporte les messieurs !
les patrons de Käru, qu’ils crèvent !
qui nous ont mis à labourer
là-bas sur les grands marécages …